Voyage au Bénin – Janvier 2015 : les résistances à l’esclavage

Village de Ganvié

Village de Ganvié

Dès les premiers temps de la traite négrière, depuis leur capture, jusqu’à la place des enchères à Ouidah et à la Porte du non-retour, les africains se révoltèrent contre l’esclavage.
Malgré leurs entraves, en dépit de la dégradation de leur condition physique, n’ayant cure de l’armement de leurs bourreaux, nombreux furent les prisonniers qui réussirent à s’enfuir.
Dans la région de Cotonou, se trouvent les cités lacustres de Ganvier. Des descendants de fugitifs (appelés « nègres marrons » dans la Caraïbe) y vivent encore depuis 1707 ou 1708 – soient depuis plus de trois siècles sans discontinuer – et refusent toujours leur intégration à l’administration ordinaire du reste de la ville. Leur vie est à la fois très simple et très touchante : les femmes vont vendre à la ville, sur des pirogues, des poissons pêchés ou élevés par les hommes. Quelques ventes de produits artisanaux améliorent parfois le quotidien.
A une soixantaine de kilomètres de Ganvier, se trouve Ouidah et son marché aux esclaves entourés de cinq forts d’acheteurs blancs – français, anglais, hollandais, portugais et danois. Détail important : ces forts étaient situés à environ 3 ou 4 kms à l’intérieur des terres.
Aujourd’hui, seul le fort portugais – qui abrite désormais un musée de l’esclavage – a su traverser le temps. Sa visite nous a appris que les 4 autres forts étaient construits sur le même modèle. De forme carrée, ils avaient chacun en leur centre une petite église ainsi qu’une vaste place découverte où étaient stockés les esclaves enchaînés. Ceux-ci étaient très peu nourris afin qu’ils commencent à s’habituer à leur voyage dans les cales des bateaux négriers mais aussi pour les affaiblir en cas de tentative d’évasion. Ces forts étaient pourvus de douves où nageaient des crocodiles ainsi que de quatre tours d’angle hérissées de canons tournés vers … l’extérieur !
Cela signifie que durant toute la période de traite négrière, les défenseurs des forts redoutaient les attaques des africains qui cherchaient à tirer leurs frères des chaînes. Plusieurs rois sont connus pour s’être opposés à la vente des africains aux européens. Vaincus par la ruse ou par la trahison, leur sort a souvent été tragique.
L’Afrique a des côtés clairs et des côtés obscurs.
En flattant leurs pires instincts, les hommes blancs ont su convaincre certains africains de s’associer à leur maudit projet.
En Afrique dit-on, chacun est libre de choisir ses ancêtres dès lors qu’il se reconnaît dans les valeurs incarnées par tel ou tel avec qui il n’a pas forcément de liens de sang.
De même qu’aux Antilles nous sommes de ceux qui se reconnaissent en tous nos héros qui jadis ont lutté contre le système esclavagiste, en Afrique nous nous reconnaissons également comme les descendants d’Africains – marrons et anti-esclavagistes – et comme les frères de leurs descendants.
En tant que membres de la diaspora, nous aimerions tant contribuer aux côtés de nos frères au redressement de l’Afrique !

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